Château de By
L’arrivée de Rosa Bonheur à Thomery
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« C'est pour fuir cette obsession constante autant que pour me rapprocher de la nature, que j’ai pris la résolution de m'en "aller aux oiseaux", comme dit Aristophane, c'est-à-dire de me réfugier dans la solitude et de vivre loin du monde ».
Avec son tableau Le Marché aux chevaux peint en 1853, Rosa Bonheur devient mondialement célèbre et vit à Paris comme bon nombre d’artistes de cette époque. Mais, Rosa Bonheur est sans cesse dérangée par des journalistes et des admirateurs.
« Des commandes importantes affluaient de toutes parts. Je me voyais transformée en étoile artistique. Mes vendredis de la rue d'Assas étaient recherchés par la société la plus brillante […]. Mais chaque jour j'étais assaillie par une foule de gens qui venaient chez moi, comme pour visiter une bête curieuse », raconte-t-elle dans la biographie Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre écrite par Anna Klumpke.
Pour fuir les mondanités parisiennes, Rosa Bonheur recherche la tranquillité de la campagne et décide de s’installer en Seine-et-Marne.
« J’ai dû obtenir le château et la terre pour la somme modique de 50000 francs. »
Suite à la vente de son Marché aux chevaux, pour la somme colossale de 268 500 francs-or, Rosa Bonheur est très riche. Le 12 juin 1860, l’artiste animalière emménage dans un ancien domaine seigneurial du XVe siècle, situé dans le hameau de By-Thomery en lisière de la forêt de Fontainebleau.
Rosa Bonheur devient alors la première femme à acheter un bien immobilier grâce au seul fruit de son travail et à son nom. C’est dans le château de By, que l’on appelle aujourd’hui le château de Rosa Bonheur, que l’artiste a vécu 40 ans auprès de son amie, Nathalie Micas, ainsi que la mère de celle-ci. Mais, des travaux sont nécessaires pour installer son atelier.
« Ici, j’ai dû faire bien des réparations, des modifications, des changements de toutes sortes, dans la maison et dans le parc, qui devenait en réalité mon atelier. »
Dans ce havre de paix, Rosa Bonheur va peindre et créer sa propre demeure dédiée à sa passion. Dès son arrivée elle charge l’architecte Jules Saulnier de lui construire son atelier. On doit à ce brillant architecte la chocolaterie Menier et son moulin ou encore la ferme du Buisson à Noisiel, en Seine-et-Marne.
C’est à l’étage de la demeure que Rosa Bonheur installe son atelier. Depuis le 25 mai 1899, date de sa mort, le temps s’est arrêté au château de Thomery. De sa blouse brodée à ses palettes, ses pinceaux, ses carnets de croquis et ses notes, jusqu’à ses mégots de cigarettes, tout est resté tel quel dans son atelier où de nombreux animaux se déplaçaient.
« J’y ai fait transporter aussitôt de Paris mes meubles, mes études et mes animaux ».
« Dans le terrain d’à-côté, j’ai établi des enclos, j’ai fait construire de petites cabanes. Rien n’a été négligé pour y installer confortablement ma ménagerie, car, à certain moment, c’est une véritable arche de Noé que j’ai eue là. On y a vu des mouflons, des cerfs, des biches, des isards, des sangliers, des moutons, des chevaux, des bœufs, et même des lions », raconte t-elle.
Pour son époque, Rosa Bonheur a une vision très différente à l’égard des animaux. Déjà sur ses toiles elle les peint avec un regard qui reflétait une âme. Très proche des animaux et investie dans la cause animale, Rosa a souffert de ce manque d’animaux lors de sa période de vie à Paris.
Elle a donc fait fabriquer à Thomery une ménagerie dans laquelle vivaient vaches, chevaux, moutons, cerfs mais surtout un couple de lions qu’elle a su apprivoiser faisant ainsi preuve d’une grande force de caractère de par la dangerosité de l’espèce. Ces animaux, en plus d’être admirés par l’artiste, ont été également les sujets de ses peintures.