Biographie
Les dernières heures de Rosa Bonheur
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Créé le : , par Héloïse Piednoir
La grande artiste est morte et ses pinceaux pour toujours.
Le samedi 19 mai 1899, Rosa Bonheur est sortie sans se couvrir : « J'ai eu tort, fit-elle, de me laisser entraîner à discuter en plein vent. Je ne me suis pas aperçue que je n’avais rien sur la tête ni autour du cou : il me semble que j’ai quelque chose dans la gorge. »1
Le jour de la Pentecôte, lundi 21 mai, Rosa Bonheur ne se sent pas bien à table et manque d’appétit. Elle se met à tousser et se plaint de violentes douleurs dans le dos. « Je me sens fatiguée et brisée », dit-elle à Anna Klumpke.
Dans la nuit de mardi, ces souffrances sont tellement insupportables qu’Anna Klumpke demande immédiatement un médecin. Celui-ci prescrit de la teinture d’iode pour son action antiseptique et du laudanum, également très utilisé à cette époque pour atténuer la douleur. « Ce sont des rhumatismes intercostaux, tranquillisez-vous, j'ai vu mademoiselle Rosa bien plus malade », affirme le docteur. Mais l’état de l’artiste se dégrade d’heures en heures.
Rosa Bonheur semblait dormir paisiblement. Sur son visage se répandait une expression de sublime sérénité.
Elle-même artiste et originaire des États-Unis, Anna Klumpke reste à son chevet jusqu’à sa mort. Elle lui écrit ses lettres que Rosa Bonheur lui dicte et l’aide à se déplacer pour se rendre dans la chambre de son amie défunte, Nathalie Micas, qui a vécu aux côtés de Rosa depuis son enfance.
La congestion pulmonaire s'aggrave. Le 25 mai 1899, Rosa Bonheur s’éteint sur son lit dans son château à Thomery. Ses derniers mots adressés à Anna Klumpke auront été : « Je serai ton ange gardien ».
Auteure de la première biographie publiée sur Rosa Bonheur, Anna Klumpke raconte avec émotion la disparition de son amie : « Hélas ! Tout à coup je sentis qu’elle devenait froide ; je pressai sa main dans la mienne pour la réchauffer, mais un frisson glacé courut dans mes veines ; il me sembla que moi aussi j’allais mourir. […] Et pendant qu’à travers mes larmes je contemplais le visage pâli de celle qui n’était plus, tout mon être se fondit dans un hommage de profonde gratitude à l’égard de la femme illustre qui m’avait trouvée digne de sa confiance et de son affection. »
Les obsèques de Rosa Bonheur ont lieu à Thomery où elle a vécu près de 40 ans. À la demande de l’artiste, elle est inhumée à Paris au cimetière du Père-Lachaise dans le caveau de la famille Micas près de son amie Nathalie.
Elle lègue ses biens à son amie Anna Klumpke, héritière et légataire universelle qui la rejoint au Père-Lachaise en 1942.
Dans le journal La Fronde publié le 27 mai 1899, la journaliste Marie-Louise Passerieu, dite Marie-Louise Néron, rend hommage à Rosa Bonheur : « Cette femme laisse un nom dans l’histoire de l’art. On dira un jour les "bœufs au labour de Rosa Bonheur" comme on dit la "vache de Potter" et les "cavaliers de Géricault". Voilà pour le génie artistique. Rosa Bonheur laissera un autre souvenir, celui d’une française de cœur et de bien ».
Rosa Bonheur reçoit la médaille d’Honneur à titre posthume, le 29 mai 1899, par la Société des Artistes français. Le peintre Tony Robert-Fleury écrit alors à Anna Klumpke : « Si nous avions pressenti une fin aussi soudaine, nous aurions voté pour Rosa Bonheur, mais nous ne pouvions prévoir la catastrophe. Nous espérions consacrer sa carrière d'une manière plus solennelle en lui décernant la médaille d'honneur à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900. Ainsi nous aurions couronné la carrière d'un des plus grands peintres animaliers du XIXe siècle. »2
Notes :
1 Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, Anna Klumpke, 1909.
2 Marie Borin, Rosa Bonheur, une artiste à l'aube du féminisme, Pygmalion, 2011, p.381.
Rosa Bonheur laisse une œuvre inachevée représentant des chevaux au galop. Cette toile est à voir dans son atelier au château de Rosa Bonheur à Thomery.
Vidéo : qui est Rosa Bonheur ?
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