Femme artiste

Rosa Bonheur, féministe avant l’heure

© Château de Rosa Bonheur
Montrer que la femme est l’égale de l’homme, Rosa Bonheur l’a exprimé par son talent et à travers sa vie. Esprit libre et hors norme, l’artiste peintre qui a vécu 40 ans à Thomery en Seine-et-Marne, a été une femme de conviction résolument féministe qui a soutenu l’indépendance de la femme "jusqu’à [son] dernier jour".

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Créé le : , par Héloïse Piednoir

Pour l'art, il n'y a pas de sexe »

Rosa Bonheur, dans la biographie "Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre"

« Pourquoi ne serai-je pas fière d’être femme ? »

Rosa Bonheur est sans aucun doute un exemple de l’émancipation de la femme. Artiste peintre animalière, elle doit sa brillante carrière internationale uniquement à elle-même. Son œuvre majeure, Le Marché aux chevaux, lui offre une reconnaissance mondiale et lui permet de s’acheter le château de By à Thomery, en Seine-et-Marne. Ce qui fait d’elle la première femme à s’acheter un bien grâce au fruit de son travail.

Devenir indépendante financièrement était sa priorité absolue. Rosa Bonheur a ainsi mis en accord sa vie et ses idées. Éduquée par un père Saint-Simonien, elle considère la femme comme « le Messie des siècles futurs » et veut « relever le genre humain ».

Pendant toute sa vie, Rosa Bonheur a montré que les femmes ont leur place dans l’art autant que les hommes. À une époque où les femmes n’avaient pas le droit d’avoir la même éducation artistique que les hommes puisque les Beaux-Arts leur étaient interdits par exemple. Pour elle, les femmes sont égales aux hommes et doivent avoir les mêmes droits car, notamment, « pour l'art, il n'y a pas de sexe », résume t-elle.

« Mes façons garçonnières et libres »

Rosa Bonheur ne se pliait pas aux exigences de l’époque. Elle ne s’est jamais mariée et a vécu pendant plus de 50 ans avec une femme, son amie d’enfance Nathalie Micas, transgressant ainsi les codes de la société française du XIXe siècle.

Non conformiste, elle fume le cigare, monte à cheval comme un homme, porte les cheveux courts et s’habille en pantalon. Son père lui reprochait d’ailleurs parfois ses « façons garçonnières et libres » en rupture avec les mœurs de l’époque.

Mais, si elle délaisse la jupe ou la robe pour préférer le pantalon, ce n’est pas pour s’émanciper mais pour travailler. « Si cependant vous me voyez vêtue comme je le suis, ce n'est pas le moins du monde dans le but de me rendre originale, ainsi que trop de femmes l’ont fait, mais tout simplement pour faciliter mon travail », explique t-elle dans la biographie Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre.

En effet, ce vêtement exclusivement masculin à l’époque était plus pratique pour aller dans les abattoirs où Rosa Bonheur pouvait examiner l’anatomie des animaux pour les peindre avec plus de réalisme. D’ailleurs, elle demandera une permission de travestissement de la Préfecture de police et elle sera la première femme à l'obtenir. « Bien des fois je me suis félicitée d'avoir osé rompre avec des traditions qui m'auraient condamnée, faute de pouvoir traîner mes jupes partout, à m'abstenir de certains travaux », explique t-elle.

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