Histoire de l'art, Peinture paysagère
Les paysages seine-et-marnais dans la peinture de Rosa Bonheur
Date de publication de la page et auteur de publication
Créé le :
Le silence et la tranquillité, ce sont les maîtres-mots que recherche Rosa Bonheur. En lisière de la forêt de Fontainebleau et aux bords de Seine, le domaine de By situé à Thomery est alors l’endroit idéal. Elle s’y installe en 1859 et ne se lasse jamais de ses promenades en pleine nature. D'ailleurs, les gorges d’Apremont sont l’endroit qu’elle préfère de la forêt de Fontainebleau.
« Voici des arbres que j'aime à la folie, s'écria Rosa Bonheur avec chaleur, ces chênes, ces hêtres, ces bouleaux, ces génévriers, ne sont-ils pas plus pittoresques que les sentinelles de la Croix du Grand-Maître », raconte son amie Anna Klumpke dans l’ouvrage Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre.
C’est d’ailleurs au cours d’une balade à l’extérieur que Rosa Bonheur enseigne la peinture sur le motif à la jeune artiste : « Chère Anna, me dit-elle, je voudrais vous faire aimer le paysage, on éprouve tant de sensations émouvantes en l'étudiant. ». Anna Klumpke prend note des nombreux conseils de Rosa Bonheur qui, sans le savoir, nous apporte un éclairage précieux sur sa manière de peindre et d’observer le paysage.
Si je n'étais pas sur le déclin de la vie, je me consacrerais au paysage, pour lequel je me suis toujours passionnée.
À l’automne 1898, Rosa Bonheur forme son amie à la peinture en plein air au cours de leurs promenades dans le parc de By, en plaine, en forêt ou sur les bords de Seine. Avec son matériel d’artiste, elle lui enseigne les techniques « sur le motif » : « Lorsque vous voulez peindre un ciel, commencez par le côté le plus clair, c’est-à-dire le fond ; là-dessus, vous poserez les gris et ainsi de suite. Il convient que la couleur soit gaie et chatoyante dans les lumières ; les ombres au contraire doivent rester transparentes ».
La peinture dite « de plein air » se caractérise en effet par ses jeux de lumière et d’obscurité. La partie la plus claire du paysage est presque toujours l’arrière-plan, vers le point de fuite, là où se trouve la source lumineuse, tandis que le premier plan reste dans la pénombre. Cet effet était reproduit par les pré-impressionnistes tels Jean-François Millet, Théodore Rousseau ou encore Narcisse Diaz de la Peña, artistes de l’École de Barbizon.
Rosa Bonheur aimait peindre les paysages du matin ou de la fin d’après-midi. Sans doute parce que leurs couleurs et leur luminosité, très variables, sont plus intéressantes pour l'artiste. « J’aime à rendre l’atmosphère mystérieuse qui enveloppe les arbres lorsque la brume du matin n'a pas encore été dissipée par les premiers rayons du soleil, ou quand les ombres grandissantes du soir annoncent les approches de la nuit. ».
Pour saisir les bonnes couleurs, Rosa Bonheur observe attentivement le paysage et tente de reproduire fidèlement le paysage : « Voyez comme les arbres se détachent sur le ciel en vert vigoureux ; néanmoins, un ton bleuâtre les enveloppe ; l’air circule entre leurs branches. Je produirais cet effet avec du bleu de Prusse et de l'ocre jaune ; dans les ombres, je mettrais du gris bleu. »
Notes : les citations et extraits sont issus de la biographie Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, écrite par son amie, l'artiste et écrivain Anna Klumpke (1846-1952), et publiée en 1909.
L'exposition « L'École du paysage : Barbizon, la révolution artistique du 19e siècle » retrace l'histoire de ce courant artistique et présente quelques œuvres de Rosa Bonheur, à découvrir au musée départemental des peintres de Barbizon jusqu'au 18 septembre 2022.
Voir aussi
Bicentenaire