Bicentenaire, Art animalier

Un timbre à l’effigie de Rosa Bonheur : pourquoi un lion ?

Le 7 mars prochain, la Poste émet un timbre collector en hommage à l’artiste-peintre Rosa Bonheur, figure emblématique de l’art animalier au XIXe siècle, afin de fêter le bicentenaire de sa naissance en 2022. Ce timbre représente une tête de lion. Mais pourquoi choisir cet animal pour représenter l'œuvre de Rosa Bonheur ?

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Le timbre célébrant le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur (1822-1899) est révélé en avant première vendredi 4 mars au Château de Rosa Bonheur à Thomery.

Son admiration pour les fauves

Passionnée d’animaux, Rosa Bonheur a vécu avec de nombreux compagnons à quatre pattes au château de By : cerf, mouton sauvage, gazelle, chevaux, et aussi lions et lionnes ! Ce sont sans doute les modèles animaliers les plus surprenants et captivants de l'œuvre de Rosa Bonheur.

Cette artiste animalière aimait et admirait autant les félins que les animaux sauvages, comme en témoignent ses œuvres. Dessins, gravures et peintures représentent des fauves sous tous les angles, dans toutes les postures.

Le lion est l’un des animaux emblématique de son œuvre, révélant un talent hors du commun, un courage pour vouloir s’approcher de cet animal, ainsi que de nombreuses anecdotes étonnantes de sa vie.

L’art de dessiner les félins

De nombreuses œuvres de Rosa Bonheur représentent des félins : lion, lionne, tigre… Elle esquissait leurs pattes, leurs têtes, leurs attitudes. Rosa Bonheur a d’ailleurs offert deux œuvres à son amie Anna Klumpke : Etude de lion et Lion chez lui (*).

C’est dans les années 1870, après la guerre de Sedan, que Rosa Bonheur commence à dessiner et peindre des fauves : « La guerre avait donné à mes préoccupations une sorte de tournure tragique. C'est certainement à l'influence de nos désastres que j'attribue le sentiment qui m’a fait abandonner un peu l'étude des animaux pacifiques dont je m'étais occupée jusqu'alors, pour celle des lions et des tigres. ».

Pour voir des félidés et peindre à partir de véritables modèles, l’artiste se rend d’abord au Jardin des Plantes et dans les ménageries parisiennes. En 1873, elle dessine une lionne qui appartenait à Louis Dejeans. Directeur du Cirque d’Hiver pendant plus de 20 ans, tout au long du Second Empire et au début de la IIIe République, Louis Dejeans s’est établi au château de Cesson à Saint-Leu où se promenait en liberté une lionne, appelée Pierrette.

Rosa Bonheur s’est rendue à plusieurs reprises chez lui et dira de cette lionne : « Je l’ai dessinée plus d'une fois ; aussi s'est-elle vite habituée à me voir et montrée de plus en plus caressante à mon égard. Pendant mes heures de repos, c'est Pierrette qui gardait mon attirail d’artiste, et personne n'était admis à toucher mon bien. M. Dejeans me disait : “Cette lionne se laisse approcher parce qu’elle vous aime, mais elle ne vous obéira jamais.” ».

Aussi, elle loue un lion nommé Brutus au dompteur François Bidel. Célèbre pour avoir été le meilleur dompteur de fauves de son époque, François Bidel et sa ménagerie produisaient des spectacles de cirque à la Foire du Trône, à l’Exposition universelle de Paris en 1889 et parfois même dans les cours européennes.

Si je me mettais à observer le lion de face, à peine avais-je commencé de dessiner sa gueule, ses yeux ou sa crinière, qu'il semblait prendre un malin plaisir à me tourner brusquement le dos en agitant sa queue d'une façon ironique ».

Rosa Bonheur

« On entendait leurs rugissements de Thomery »

Sa passion pour les fauves allait au-delà de son intérêt artistique. Rosa Bonheur a adopté un couple de lions qui ont vécu deux mois dans son château de By, vers 1880. Elle dit à Anna Klumpke : « C'étaient des bêtes superbes. On m'avait prévenue que le mâle était très féroce et qu'on ne pouvait l'approcher sans danger ; je suis arrivée cependant à l’apprivoiser. Néro reconnaissait ma voix de loin, et lorsque je le flattais, il faisait le beau tout comme un chat ».

Rosa Bonheur aimait peindre ses félins dans son jardin où elle installe son établi à peinture. « Il me fallait une patience infatigable. Mes études, j'étais obligée de les recommencer un nombre infini de fois avant d’arriver à bout, car si je me mettais à observer le lion de face, à peine avais-je commencé de dessiner sa gueule, ses yeux ou sa crinière, qu'il semblait prendre un malin plaisir à me tourner brusquement le dos en agitant sa queue d'une façon ironique », rapporte-t-elle. Mais elle ne garda pas longtemps ces deux félins qui seront offerts au Jardin des Plantes de Paris.

Après Nero, c’était la lionne Fathma qui a vécu au château de By pendant 3 ans : « Elle était caressante et plus affectueuse encore que Pierrette, me suivant partout comme un caniche. [...] Elle était si bien apprivoisée que je la laissais mettre ses deux pattes autour de mon cou ; je lui prenais la tête, je l'embrassais. C'était un modèle d'obéissance et de docilité. ». Rosa Bonheur sera d’ailleurs très triste lorsqu’elle perdra Fathma qui s’éteint au bas de l’escalier du château.

Notes :

  • Extraits issus de la biographie Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, écrite par son amie, l'artiste et écrivain Anna Klumpke (1846-1952), et publiée en 1909.
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À partir du 7 mars 2022, La Poste émet un timbre, limité à 612 000 exemplaires, de la série artistique illustré par une œuvre de Rosa Bonheur.

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